Les raisons de la difficulté de mise au point d'un vaccin

Tout d'abord, évoquons la structure du virus. C'est en fait un brin d'ARN, qui n'est copié en ADN qu'une fois dans la cellule, grâce à la reverse-transcriptase, c'est pourquoi on l'appelle rétrovirus. Il contamine les lymphocytes (dès 12 heures après le premier contact avec le virus), qui sont alternativement actifs (en cas d'infection), puis mis au repos (en fin d'infection, figure 9.3). Le VIH s'adapte à ses phases de repos, devenant donc indétectable à ces moments-là. Voici la principale raison pour laquelle mettre au point un vaccin s'avère difficile.

Figure 9.3: Le VIH et les lymphocytes

Habituellement, en effet, on utilise l'immunité stérilisante, c'est à dire que l'individu n'est pas malade alors que certaines de ses cellules sont tout de même infectées par le virus : l'infection est simplement contenue. Mais avec le VIH, impossible, puisqu'il lui suffit de se "cacher" dans quelques cellules, pour pouvoir se retransmettre en masse plus tard. Pour l'instant, les infections par rétrovirus sont donc considérées comme des infections à vie, et on pense qu'une vaccination servirait juste à réduire la transmission du virus.

De plus, la recherche sur les vaccins n'avance pas assez vite en pratique, principalement puisqu'on ne connaît pas encore les détails de l'action d'un vaccin. On ne peut donc que constater que les meilleurs résultats à ce jour sont ceux obtenus avec un virus vivant atténué. Mais cette solution est très risquée. Le virus pourrait en effet muter et devenir pathogène. De plus, le fait qu'il insère son ADN dans l'ADN chromosomique est aussi un problème. Mais les autres solutions testées semblent inefficaces : les anticorps neutralisants échouent, puisque les protéines virales sont "cachées" sous des glucides. Ainsi, l'affinité entre le VIH et le récepteur est plus de 100 fois plus grande que celle entre le VIH et l'anticorps. On essaie aussi de travailler sur le promoteur (paragraphe 6.1), puisque le changer permet d'atténuer significativement le virus, mais cette atténuation est telle qu'aucune réponse immunitaire ne se déclenche alors.

Philippe Gambette 2005-06-30